jeudi 10 décembre 2015

Le FN au pouvoir dans cetaines communes.


 trouver ce document intéressant, sur libé. Il s'agit d'un petit fascicule piloté par les secrétaires nationales PS, Sarah Proust et Elsa Di Meo, faisant un point sur la réalité-terrain des politiques des maires FN élus dans les communes de France depuis les dernière municipales.
Le résultat est édifiant...

 Beaucaire :
- Les familles modestes qui devront dorénavant acquitter la somme de 1,23 euro par repas pour un enfant - Document municipal sur la rentrée scolaire 2012/2013.
- Refus d’attribuer la subvention municipale proposée par l’ancienne municipalité au centre social et culturel Maison du Vivre Ensemble- Ferdinand Buisson - Huffington Post le 1er février 2015.
- Interdiction de cantine pour les enfants dont les parents ont un retard de paiement - FranceTVinfo le 3 février 2015.
- Rejet de la demande de transport en car sollicitée par le coordonnateur du réseau ECLAIR pour le Festival de Cinéma Scolaire, à Tarascon. - Objectifgard, 12 février 2015 ; Le dauphine.com, 16 mars 2015.
- Virulente tribune du maire contre l’accueil des élèves allophones. Devant scolariser de « nouveaux enfants étrangers pour la plupart originaires du Maghreb et/ou de nationalité espagnole » (en fait 22 élèves en primaire, 9 en maternelle) - Lelabpolitique-Europe1, 4 septembre 2014.
- Condamnation du maire à 1 500 euros d’amende pour avoir injurié une syndicaliste de la CGT -Midi-libre, 22 septembre 2015.
- Coupes sombres dans le montant des subventions qui passe de 580 000 euros à 424 546 euros, soit une différence de 87 373 euros, en baisse de 27 % - Objectifgard 25 avril 2015 ; L’Humanité, 23 avril 2015.
- Le Stade beaucairois, modeste pensionnaire de division d’honneur régionale (7e division nationale), a vu sa subvention municipale baisser de moitié - Le Monde, 14 avril 2015.
- La rue du 19 mars 1962 est débaptisée. Située dans une petite rue pavillonnaire, elle sera désormais dénommée « rue du 5 juillet 1962 », en mémoire du massacre de centaines de civils européens et musulmans à Oran - Midi-Libre, 19 mars 2015 et 5 novembre 2015.
- Interdiction de médias locaux ou nationaux : Midi Libre, Canal+, BFM TV, Le Dauphiné Libéré, Mediapart, Objectif Gard…

Béziers :
- L’accès à l’épicerie sociale est dorénavant réservé aux seuls habitants qui ont « au moins un an de séjour dans la ville » et baisse de 365 000 euros de la subvention municipale au CCAS - Médiapart, 8 août 2014.
- Suppression de l’accueil le matin avant l’école désormais réservé « aux enfants dont les parents exercent une activité professionnelle, ou dans le cas d’une famille monoparentale dont le parent ayant la garde de l’enfant exerce une activité professionnelle » -  Les Presses, page 218, 2015.
- Suppression de l’étude surveillée pour 320 élèves, remplacée par un simple système d’accueil - BFMTV, 02 juin 2014 ; Midi Libre, 26 mai et 05 juin 2014.
- En visite dans une école municipale, le maire de Béziers a menacé un enseignant qui refusait de lui serrer la main, de le gifler et de le faire muter de la ville - Huffington Post, 26 septembre 2015.
- Suppression du festival Fèsta d’Oc sans en informer les organisateurs ; diminution des concerts pendant la Féria - Midi-Libre, 28 janvier 2015.
- Suppression du poste de directeur des théâtres et de la culture de la ville ; fin des concerts gratuits de « Swing les pieds dans l’Orb » ; la gratuité des musées n’est plus réservée qu’aux seuls Biterrois - Midi-Libre, 24 juillet 2014 ; La Marseillaise, 4 mars 2015.
- Accueil en grande pompe de l’essayiste Éric Zemmour, invité à disserter dans le cadre d’un cycle de conférences « pour faire entendre ceux qui pensent autrement que les médias dominants » - Libération 6 avril 2015.
- Agenouillement devant une stèle de l’OAS ; renomination de la rue du 19 mars 1962 (date des accords d’Évian et journée nationale du souvenir et du recueillement à la mémoire des victimes civiles et militaires de la guerre d’Algérie et des combats en Tunisie et au Maroc - Midi-Libre, 5 décembre 2014.
- Déclaration du maire lors de l’émission « Mots croisés » sur France 2, le 5 mai 2015 « Il y a “64,6 %” d’élèves de confession musulmane dans les écoles publiques de Béziers. - Le Monde, 3 juillet 2015 ; Le Point, 26 novembre 2015.
- Refus de célébrer des mariages quand il s’agit de couples homosexuels, couvre-feu pour les mineurs de moins de 13 ans, entre 23 heures et 6 heures, dans le centre-ville et le quartier de La Devèze - Midi-Libre, 18 septembre 2014 et 5 avril 2015 Libération 06 avril 2015.
- Décision de célébrer une messe à l’ouverture de la Féria - Midi-Libre, 19 août 2014.
Camarets-sur-Aigues :
- Censure contre le film « La Belle Saison » qui représente la France aux Oscars,  sous couvert de protéger les valeurs familiales, répand les passions tristes et la haine du corps » - Les Inrocks, 21 septembre 2015.
Cogolin :
- Baisse de 46 % de la subvention au Centre Communal d’Action Sociale - Place-publique Cogolin 6 octobre 2015.
- La mairie n’offre plus de dictionnaire aux élèves de CM2 qui passent en 6e pour des « raisons budgétaires » -Les Inrocks, 03 novembre 2014.
- Interdiction d’un spectacle de danse orientale car « on est en Provence ici, pas en Orient » - La Dépêche, 3 octobre 2014.
- 5 associations ont vu leur subvention totalement supprimée : l’Aïkido, les Amis du Coq instruit, les Varois de Paris, Loisirs Nature et le Taekwondo. La subvention allouée au club de basket-ball est passée de 20 000 à 3 000 € (en baisse de -85 %) - Var Matin, 6 octobre 2015, Place Publique, 6 octobre 2015.
- A l’occasion de l’installation de la crèche de Noël, le maire d’extrême droite a expliqué qu’il « défendrai[t] (...) jusqu’à la dernière goutte de [son] sang les racines chrétiennes » de la France et s’en est pris à ceux qui veulent « transformer la France en une terre soit laïque soit islamisée » - Médiapart, 11 décembre 2014.
Fréjus :
-Diminution des subventions aux centres sociaux : -65 % pour La Gabelle, -57 % pour L’Agachon et -46 % pour Villeneuve. Var-Matin, 15 mai 2014.
- « Les logements sociaux iront aux vrais Fréjusiens » - Forum Républicain de Fréjus, 2014.
- Diminution de 20 % du budget de fonctionnement des écoles ; baisse de 16 % du budget alloué aux écoles pour l’achat de manuels et de fournitures qui est passé de 43 à 36 euros par enfant (baisse de 16%) ; réduction de 20 % du budget des transports pour les sorties sportives; suppression des subventions pour les classes-découverte ; ventes de terrains communaux utilisés notamment pour la pratique du sport - Médiapart, 8 août 2014, Var-Matin 3 et 30 avril 2014.
- En février 2015, une lettre de l’adjointe aux affaires scolaires relance le sujet des élèves allophones estimant que le dispositif ELCO (Enseignement des Langues et Cultures d’Origines) « semble en complète contradiction avec la mission de l’école publique - Var-Matin, 25 février 2015.
- Fin des abonnements de la bibliothèque municipale à certains titres de la presse, tels Libération et Le Figaro ; Iinterdiction de l’événement festif de musique électronique « Funky Family Fes » - Libération, 15 janvier 2015 ; Le Figaro, 16 janvier 2015 ; Technoplus, 19 janvier 2015.
- La municipalité FN exige qu’une quinzaine d’artistes et d’artisans d’art installés dans des locaux qu’elle leur loue à prix modérés participent en contrepartie, et bénévolement, à l’accueil d’enfants de maternelles et d’écoles élémentaires dans le cadre de l’aménagement des rythmes scolaires - Le Parisien, 30 juillet 2015 ; La Dépêche, 30 juillet 2015.
- La municipalité confie l’animation du festival d’été 2014 à la société « La patrouille de l’événement » créée le 25 avril 2014 et dirigée par d’anciens militants de l’extrême droite - Marianne, 29 août 2014 et 4 août 2015.
- Réduction de 300 000 € (soit -30 %) de la subvention de l’AMSL – l’Association Sport et Loisirs - la plus grosse association de la région Paca avec 5 000 licenciés, 20 salariés, 18 éducateurs et 15 employés. - Var-Matin, 9 mai 2014.
- En deux ans, baisse de 110 000 euros (soit -22 %) de la subvention au club de l’Étoile sportive fréjussienne qui évolue en National - Ma ville couleur bleu marine, E Farel, M Fieschi, M. Gherdane, P. Wallart, Flammarion, page 261.
- Inauguration d’une stèle commémorant la mémoire de « ceux qui sont tombés pour que vive la France en Algérie » qui est l’occasion pour le maire de prononcer un discours à la gloire de l’Algérie française - Ma ville couleur bleu marine, E Farel, M Fieschi, M. Gherdane, P. Wallart, Flammarion, page 261.
- Un arrêté est pris dès octobre 2014 pour suspendre les travaux en cours d’une mosquée - Var-Matin, 27 novembre 2015.
- Interdiction d’accès à un journaliste de l‘Express à sa conférence de presse au soir de l’élection municipale, etc. -  Nice Matin, 08 septembre 2015.
Hayange :
- Le maire fait repeindre, sans autorisation de l’artiste, en « bleu piscine » une sculpture qu’il juge trop « sinistre » ; il refuse la proposition d’une association d’organiser des cours de danse orientale car « pas compatible avec le FN » ; il supprime des conférences-débats, cafés-philo, expositions, ateliers de découverte des arts et de l’artisanat - Libération, 29 juillet 2014 ; FranceTvinfo, 24 octobre 2014.
- Diminution de 25 000 euros de la subvention à l’Académie musicale hayangeoise au prétexte qu’il n’y a pas que les petits hayangeois qui la fréquentent ; suppression des conférences-débats, des cafés-philo, des expositions à la bibliothèque municipale ainsi que des ateliers de découverte des arts et de l’artisanat - Le Républicain Lorrain, 16 avril 2015.
- La subvention au Football Club s’établit à 10 700 € contre 30 000 € précédemment - La Voix du Nord, 9 octobre 2014.
- Décision de repeindre en bleu-blanc-rouge les trois wagonnets de mine érigés à l’entrée de la ville en hommage à tous les mineurs de la région - Le Parisien, 23 août 2014.
- Instauration de la « fête du cochon » - Tempsreel.nouvelobs.fr 11 et 12 septembre 2015.
Hénin-Beaumont :
- Publication d’un arrêté anti-mendicité - Le Tribunal administratif de Lille a suspendu l’arrêté jugeant que « l’interdiction prononcée par cet arrêté n’est ni nécessaire ni proportionnée aux atteintes portées à la liberté d’aller et venir et à celle d’utiliser le domaine public » - Le Monde, 22 juillet 2014).
- Interdiction de marché de Noël pour le Secours Populaire - Metronews, 8 novembre 2015.
- Décision du maire à l’encontre de La Ligue des Droits de l’Homme (LDH), qui s’est vu supprimer la possibilité de bénéficier du local mis gracieusement à sa disposition par la mairie, ainsi que de la subvention qui lui était jusqu’à présent versée - L’Humanité 9 mars 2015 ; blog PCF Hénin-Beaumont, 20 juillet 2014.
Le Luc :
- Fermeture en catimini de l’épicerie sociale et solidaire « La Galinesse » - Compte-rendu conseil municipal 13 novembre 2014.
- Annulation au dernier moment du Techno Amne’zik Open Air Festival, en dépit des autorisations de la municipalité précédente et des services départementaux obtenues plusieurs mois plus tôt - Var-Matin, 18 juillet 2014.


Mantes-La-Ville : 

- Le maire veut réserver la cantine aux enfants dont les deux parents travaillent. Les économies envisagées se révélant assez faibles, l’idée du maire est abandonnée - Le Parisien, 8 décembre 2014.
- Le maire envisage la fermeture de centres de vie sociale (CVS) est en jeu - Le Point, 19 septembre 2014.
- Fin de la gratuité des activités périscolaires - France Inter, 30 septembre 2014 ; France Culture 18 février 2015.
- Suppression du seul poste de professeur de peinture à l’huile à l’école d’arts plastiques de la ville ; le maire déclare ne vouloir soutenir aucun projet au contenu « subversif, ou transgressif » - France Culture, 18 octobre 2015.

- Baisse de l’enveloppe des subventions municipales de 22 % pour toutes les associations - France Culture, 18 octobre 2015.
- Le maire s’acharne contre le club de football local, le FC Mantois, qui avec près de 1 000 licenciés et une équipe qui évolue en CFA, est l’un des plus grands clubs des Yvelines et de la région parisienne. - Le Monde, 11 avril 2015.
- Obstination du maire à dénoncer un projet de construction d’une mosquée dans la ville, en lieu et place de celle existante déjà, un pavillon trop vétuste qui doit être démoli.
- Fin de la mise à disposition d’un local municipal à La Ligue des Droits de l’Homme (LDH) et suppression des aides municipales à l’association - Francetvinfo, 31 mars 2015.


Marseille (7è secteur) :
- Le maire d’arrondissement vote contre les aides de la communauté d’agglomération à la construction - Médiapart, le 8 août 2014.
- Le maire s’en prend à une expo sition installée à la Friche de la Belle-de-Mai, une pépinière artistique installée dans une ancienne manufacture de tabac - Huffington Post, 10 septembre 2015.
- La directrice générale des services (ex directrice des affaires culturelles à Marignane sous le mandat des Megret) plusieurs spectacles trop 'interculturels' sont menacés d'interdiction - La Marseillaise, 2 novembre 2015.

Le Pontet :
- Suppression de la gratuité de la cantine pour des familles les plus pauvres de la ville. 65 enfants sont directement concernés - Compte-rendu de la séance du conseil municipal du 25 juin 2014).
- Fin du Téléthon - Le Lab Politique / Europe 1, 19 septembre 2014.


Villers-Cotterêts :

- Le repas des cantines est passé de 1,50€ à 2,50€ : une personne au RSA peut venir chercher son enfant à l'heure du déjeuner - L'Union, 27 juin 2014.
- Censure du livret d’une exposition consacrée au thème de la montée des eaux et présentée à la médiathèque. Il comportait une œuvre symbolisant « la montée de l’extrême droite »- Le Figaro, 29 septembre 2015.
- Interdiction d’un concert d’un groupe de rock car il ne correspond pas à « l’image de la ville » et que le maire n’aime pas trop les messages de ce groupe - Le Monde, 21 mai 2014.
- Refus de commémorer l’abolition de l’esclavage - L’Express 10 mai 2014.
- Refus de renouveler la subvention allouée à la CGT (syndicat) et à la FCPE (association de parents d’élèves) au motif que ce sont des « associations partisanes » - L’Union, 25 avril 2014.


A Frejus, Hayange et Mantes-la-Ville :
Retrait des drapeaux européens du fronton de la mairie - Challenges, 6 décembre 2014.


A Frejus, Luc-en-Provence et à Cogolin : Démission, en novembre 2015, des trois maires de l’Association des Maires de France après la publication d’un vade-mecum sur la laïcité qui précise notamment que « la présence de crèches de Noël dans l’enceinte des mairies n’est pas, du point de vue de l’AMF, compatible avec la laïcité.

lundi 16 novembre 2015

★ Communiqué de la Fédération anarchiste




Vendredi 13 novembre, au fil des événements, l’inquiétude grandissante a peu à peu laissé la place à la consternation la plus profonde et à la colère face au bilan sans cesse plus lourd des attentats qui ont eu lieu à Paris : un bain de sang inutile, atroce, nauséabond, rappelant les pires exactions dont l’humanité sait malheureusement se montrer capable.

Les adhérent.e.s et sympathisant.e.s de la Fédération anarchiste sont révolté.e.s contre ces actes de la barbarie. Nous adressons toute notre sympathie aux personnes qui ont subi ces violences, à leurs familles, à leurs ami.e.s, à ceux et celles qui y sont resté.e.s et à celles et ceux qui ont heureusement sauvé leur peau.

Des assassins intoxiqués par une idéologie délirante ont fait régner la terreur à Paris comme ils la font régner au Moyen-orient et en Afrique. Ils peuvent se réclamer d’un dieu ou de la souffrance des populations en Syrie, en Palestine ou ailleurs. Ils ne sont que des meurtriers qui tentent dérisoirement de donner une justification à leurs actes. Ils n’en ont aucune.

Nous rejetons tout autant les tentatives d’amalgames qui n’ont pas manqué d’apparaître. L’essentiel de ce que l’on catégorise comme des populations musulmanes, sont des individus comme les autres : certains pratiquants, d’autres seulement croyants, d’autres encore athées, tous voulant simplement vivre en paix. Nous en avons tous et toutes le droit légitime.

Nous ne cautionnerons pas davantage les accents guerriers que ces exactions ont instantanément suscitées. L’état d’urgence en France, la tentation de soutenir Bacher El-Assad, de redoubler les bombardements sur des objectifs soi-disant ciblés mais qui font toujours plus de victimes parmi des populations civiles prises en otage, déplacées, dépecées. La guerre engendre toujours la guerre.

Nous veillerons enfin à la mesure de nos moyens à ce que les migrant.e.s ne subissent pas les conséquences des exactions commises par ces fous de dieu qu’ils et elles ont fuis en quittant leur pays dans des conditions extrêmes. C’est la solidarité sans faille de tous ceux et celles qui subissent l’oppression, qui permet l’émancipation.

Ni dieu, ni maître !
Fédération Anarchiste

jeudi 12 novembre 2015

Au-delà du climat




Après les avortements semi-clandestins (« sommets » de Rio 1992, Kyoto 1997, Copenhague 2009, Cancun 2010, Durban 2011, Lima 2014), la 21e conférence des Nations unies sur le climat (COP21) se tiendra à Paris du 30 novembre au 11 décembre prochain. Décrypter les enjeux géopolitiques, économiques et financiers qui entourent cette nouvelle grand-messe onusienne, c’est prédire – avec une marge d’erreur quasi nulle – un nouvel échec. Pour dépasser – peut-être – les intérêts divergents, les égoïsmes nationaux, les antagonismes historiques, la seule solution appartient aux peuples, à condition de vouloir sa mise en œuvre.

Ce que la science et l’observation nous apprennent

Depuis 1880 – date des premiers relevés – la température du globe s’est élevée de 0,85°C en moyenne, et quatorze des quinze premières années du 21e siècle sont les plus chaudes jamais enregistrées (ces chiffres masquant évidemment d’importantes disparités). D’ici à la fin du siècle, il faut s’attendre à un réchauffement supplémentaire de 0,3° à 4,8° selon les différents scénarios d’émissions. Or au-dessus de 2°C de réchauffement moyen, les impacts sur les différents milieux – et donc sur l’homme – seront considérables. Déjà aisément observables sur une planète mise à feu et à sang, les conséquences ne peuvent que s’accélérer si les causes persistent : phénomènes extrêmes (cyclones, tempêtes…) plus fréquents et surtout plus intenses, extinction en masse d’espèces végétales et animales, hausse du niveau de la mer… (avec la naissance d’un nouveau concept, celui de « réfugié climatique »). En particulier, le changement climatique représente la première menace sur la sécurité alimentaire dans les prochaines décennies, en raison de son impact sur les rendements agricoles et la multiplication des sécheresses et des inondations, destructrices pour les récoltes.

Or il est « extrêmement probable » (ce qui signifie une certitude comprise entre 95 et 100%) que ce déréglement climatique soit lié aux émissions de gaz à effet de serre (GES) générées par les activités humaines. L’essentiel de ces gaz (CO2, responsable de 74% des émissions, méthane - 16% - protoxyde d’azote - 8%) est produit par la fabrication de notre énergie, nos déplacements, notre alimentation et la déforestation. Entre 1900 et 2010, les émissions mondiales de GES ont crû de 30% ; elles dépassent désormais ce que l’écosystème Terre (océans, photosynthèse) est capable de recycler. Avec, bien entendu, un profond sentiment d’injustice puisque les principales victimes sont les pays pauvres et les principaux responsables les pays riches, dont la prospérité est bâtie sur une histoire meurtrière.

L’illusion des énergies renouvelables

Un jeu d’enfant ! Puisque l’utilisation massive des combustibles fossiles constitue la cause principale du dérèglement climatique, il suffit de s’orienter vers les énergies renouvelables et les techniques douces, par le biais d’une « transition énergétique », véritable « dynamique vertueuse créatrice de richesses et d’emplois, portée par une réglementation transparente, une écofiscalité équitable, le développement d’une culture de la citoyenneté énergétique » !! Une « troisième révolution industrielle » qui « autoriserait même un partage local de la richesse issue de la valorisation du potentiel énergétique de chaque territoire, et contribuerait à diminuer les tensions géopolitiques induites par les inégalités d’accès à l’énergie » !! Selon les dirigeants et leurs valets, un authentique conte de fées ! Solaire, éolien, hydraulique, biomasse, déchets, géothermie… : réserves insoupçonnées, perspectives mirobolantes d’énergie propre ! On en oublierait presque que 50% de la consommation mondiale d’énergie est engloutie par seulement 15% de la population mondiale. On oublierait presque également que, malgré les discours lénifiants, 600 à 1000 milliards de dollars de subventions publiques annuelles sont attribuées aux énergies fossiles ! Et si la réalité était beaucoup moins enthousiasmante (entendons-nous bien : il ne s’agit pas de dénigrer ces énergies qui seront incontournables, seulement de reconnaître qu’elles ne suffiront pas, loin s’en faut, à répondre aux besoins croissants de l’humanité : pays émergents, augmentation démographique) ?

L’énergie, c’est le pouvoir

La réalité, c’est d’abord un bilan chiffré : l’ensemble des énergies renouvelables ne représentent actuellement que 14% de l’énergie primaire totale consommée dans le monde (et seulement 6,4% dans l’Union européenne). C’est dire que leur poids économique est très inférieur à leur visibilité médiatique (surtout si l’augmentation de la consommation mondiale d’énergie atteint 60% d’ici à 2030… mais l’avenir est de moins en moins prévisible). La leçon à tirer est donc une extrême prudence, parce que si les énergies renouvelables cumulées ont un potentiel théorique de production très élevé, ces gisements sont souvent extrêmement difficiles à exploiter massivement et de façon durable. D’autant que de nombreux obstacles se dressent déjà ou se laissent entrevoir (puissance des lobbies du pétrole et du nucléaire, coût souvent élevé des investissements, lourdeur des démarches administratives…).

Mais la réalité, c’est aussi les réalisations sur le terrain. Un peu partout sur la planète, d’immenses centrales photovoltaïques ou thermiques colonisent l’espace sur des surfaces considérables, expropriant de nombreuses populations. En France, la filière solaire est désormais toute entière aux mains des deux piliers de la politique énergétique, EDF et le CEA. Ce shéma vaut aussi pour l’éolien avec la création de « parcs » ou « fermes » de grande dimension. Idem pour les grands barrages hydroélectriques, dont les projets se multiplient (actuellement, 35 barrages de plus de 150m de haut sont en construction). Avec les « dommages collatéraux » que l’on connaît : des espaces naturels dévastés, des populations rurales dépossédées de leur lieu de vie, déportées et concentrées en milieu urbain pour y être prolétarisées.

Mais est-il si surprenant que l’énergie renouvelable se retrouve sous la coupe des grands trusts ? L’histoire de l’énergie est aussi celle de la concentration du pouvoir. Reconnaître le lien entre la domination de l’humanité sur la nature et l’exploitation de l’homme par l’homme, c’est prendre conscience que la technologie, dans la maîtrise des forces naturelles, a servi à offrir aux tyrans des instruments de plus en plus sophistiqués et redoutables. La gestion de l’énergie – entre autres – est entre les mains d’une caste de scientifiques, hauts fonctionnaires, militaires et hommes d’affaires (voire des mafias, ce qui n’est d’ailleurs pas très différent) dont le fonctionnement court-circuite toute décision politique face aux impératifs techniques.

Les énergies renouvelables ne peuvent en aucun cas constituer un support technique à un changement social radical sans une transformation préalable des structures politiques, des processus de décision. Les systèmes énergétiques conventionnels sont constitués de chaînes longues et complexes (extraction, production, transport, stockage, consommation). Tant que ces chaînes demeureront, même les énergies renouvelables offriront aux gouvernements la possibilité d’un contrôle politique sur les populations à travers leur dépendance énergétique, et aux multinationales l’opportunité de réaliser des profits par l’entretien de besoins artificiels. Evacuer la dimension sociale et les relations de pouvoir revient à réduire le traitement de la question énergétique à une simple « ingénierie de l’environnement », favorable aux carrières des politiciens, mais peu propice au bien-être des peuples.

Le risque d’effondrement

En passant par les étapes cruciales comme l’apparition de l’agriculture au Néolithique ou la révolution industrielle au 18e siècle, l’humanité adopte de façon continue des niveaux toujours plus élevés de complexité, de spécialisation, utilisant chaque fois plus d’énergie, d’information, de ressources, d’installations, de réseaux sans cesse plus vastes. De manière générale, plus un système croît, plus il exige de moyens pour son propre fonctionnement, sa propre survie. D’où les investissements considérables de l’alliance étatico-capitaliste dans la bureaucratie, la propagande électorale, la défense… Or à partir d’un certain seuil, ces investissements supplémentaires ne peuvent engendrer des résultats proportionnels, d’où l’entrée dans une spirale des rendements décroissants, c’est-à-dire un déclin inéluctable.

On sait désormais que différentes civilisations se sont éteintes. Chaque fois, plusieurs causes étaient en jeu : dysfonctionnements institutionnels, aveuglement idéologique, niveau d’inégalités élevé, perte du sens de la mesure… Mais parmi les causes principales figuraient toujours les conditions écologiques. Or aujourd’hui les menaces sont multiples : changement climatique, déclin de la biodiversité, surconsommation d’eau douce, accumulation des déchets, pollution atmosphérique, épuisement des ressources fossiles, dégradation des terres agricoles… Au risque d’une capacité de charge globale de la Terre aujourd’hui dépassée s’ajoute la fragilité du système financier mondial. La vulnérabilité des sociétés modernes est proportionnelle à leur puissance : points de basculement climatiques, écologiques et biogéophysiques ; pic des ressources ; effets imprévisibles de seuils ou en cascade ; impossibilité de maîtriser totalement ces super-systèmes, cette « méga-machine ». E le temps qui passe réduit considérablement notre marge de manœuvre. Paradoxalement, ce sont peut-être les partisans de la croissance économique effrénée qui vont nous faire revenir à l’âge de pierre !

Une société à reconstruire

Au-delà d’ajustements techniques stériles, une transformation culturelle et politique profonde est nécessaire pour envisager une société nouvelle. Entreprendre une « décolonisation de son imaginaire » pour percevoir que le dogme de la croissance économique illimitée est devenu la religion de la société moderne ; que le gaspillage énergétique est une condition fondamentale du maintien du système «économique mondial, c’est-à-dire que celui-ci ne peut se développer qu’en sapant ses propres fondements ; que la foi aveugle dans les bienfaits de la technologie conduit à une impasse ; que l’abondance des biens et services ne sera jamais un préalable à l’émancipation ; que le problème des limites et de la finitude des ressources naturelles ne sera pas résolu par une fuite en avant suicidaire, mais par une analyse lucide de la condition humaine.

Il est temps de dissiper l’illusion qu’un haut degré de culture implique nécessairement un niveau de consommation d’énergie aussi élevé que possible. De détruire le mythe technoscientifique et les fantasmes d’une société hyper-développée qui s’alimentent réciproquement. Il ne s’agit pas seulement d’éviter un emballement du climat, mais bien de reconstruire une société dans sa globalité. Or un changement social radical ne fera pas, comme son nom l’indique, l’économie d’une révolution sociale s’attaquant à la « racine » des phénomènes. Ce n’est qu’en créant des groupes égalitaires et autonomes, fédérés entre eux, des structures sur la base d’unités à petite échelle, que les populations pourront se réapproprier leur avenir. L’objectif d’émancipation, l’aspiration des individus à travailler moins doivent conduire à définir librement les besoins individuels et collectifs, la finalité de la production.

L’occasion est trop exaltante de profiter de la crise énergétique pour renverser le modèle capitaliste, la course à l’artificialisation des conditions de vie, la civilisation « hors-sol ». Combattre l’hypermobilité qui a consacré le règne du tout-automobile pour laquelle la ville a été conçue, symbole du gaspillage et de l’aliénation. Abandonner une agriculture dont la productivité réelle a diminué à mesure que les exploitations dépendaient de plus en plus des combustibles, des fertilisants et du machinisme, au profit d’une agroécologie qui reconstruit les sols et les écosystèmes en restructurant les communautés paysannes. L’avenir postpétrole et postcroissance sera inévitablement plus sobre.